Pour la réhabilitation du pet

fart-e1363889285693C’est le mois d’aout, tout le monde est en vacances, personne ne consulte plus ce blog, je crois donc que l’heure est venue. Cet article en gestation depuis bien trop longtemps va enfin sortir, et j’avoue avoir un peu honte, malgré la certitude que c’est la bonne chose à faire. Parlons donc de flatulence, de vent, de gaz, de largage de caisse, de prout. Bref, parlons peu, parlons pet.

Enfin plus précisément nous allons parler du bruit de pet, dans le cadre particulier d’un spectacle.

Le pet est de nos jours principalement utilisé comme procédé comique par les enfants, en particulier avant 10 ans. Avec la bouche seule, ou bouche contre peau, ou encore la fameuse main sous l’aisselle, les variations sont nombreuses. Ensuite arrive la puberté, et avec elle le sentiment de honte et le désir d’inclusion sociale qui contrôlerons par la suite leurs vies. Alors le bruit de pet sort du domaine de l’acceptable (le fait que la pousse des poils sous les aisselles complexifie nettement l’obtention d’un bruit correct par ce biais est sous doute également à blâmer).

On le retrouve tout de même ponctuellement, dans des cercles plus privés, mais l’utilisation d’un prout pour faire rire reste très mal vu.

Pourtant de part sa nature même, le pet est intrinsèquement drôle. Louis CK le dit, et je ne vois pas qui oserait le contredire sur ce point :

Citation de conclusion traduite :

Il n’y a pas besoin d’être intelligent pour rire d’un pet, mais il faudrait être stupide pour ne pas le faire.

C’est également par exemple le moment le plus drôle du film Ted :

A revisionner ça ne l’est plus tellement, et si vous ne l’aviez pas déjà vu vous vous y attendiez, donc ça ne marche sans doute pas. Mais avec l’effet de surprise, croyez-moi c’était juste parfait. Et j’ai trouvé le reste du film plutôt bof.

Pour autant le pet n’est pas une valeur sûre, on peut trouver beaucoup d’exemples ou ça n’est pas drôle. Je pense à des exemples récents comme le personnage joué par Chevy Chase dans Hot Tub Time Machine, ou des exemples plus vieux comme à chaque fois que les Monty Python s’y essayaient.

Je pense que le pet fonctionne en particulier dans deux cas :

  • S’il y a un effet de surprise (cf Ted)
  • S’il sert de catharsis à la honte

Ce deuxième cas est particulièrement présent dans le spectacle vivant à mon avis, et en impro encore plus, de part l’empathie du public pour les comédiens. Presque tout le monde a un peu honte de péter en public, et surtout presque tout le monde a honte de rire à un bruit de pet (moi y compris, mais j’essaie de passer outre). Donc s’ils s’en servent sur scène, les comédiens (et/ou techniciens) sont en train d’outrepasser leur honte, et vont entraîner avec eux le public, et avec l’effet de masse les fou-rires ne sont sans doute pas loin.

Toutefois je n’ai qu’un seul exemple de spectacle en tête qui met ce merveilleux outil à profit, et ce n’est même pas de l’impro (même si le spectacle a un côté très « spontané »). C’était une représentation de Too Much Light Makes The Baby Go Blind, un spectacle qui se joue à Chicago dans lequel les comédiens jouent 30 scènes en 60 minutes, dans un ordre aléatoire, et chaque semaine ils tirent au sort le nombre de scènes qui seront supprimées et remplacées par d’autres la semaine suivante. C’était particulièrement excellent, et il y avait une scène avec un coussin péteur. Un comédien s’asseyait sur un coussin péteur et les autres, habillés en tenues hazmat avec des calepins à la main, prenaient des notes sur la réaction du public. C’était hilarant, tout simplement.

J’ai un autre exemple plus personnel, issu d’un atelier d’impro que j’ai animé cette année. Il y a eu une scène qui démarrait dans des toilettes, et naturellement l’un des improvisateurs à commencé assis sur une chaise, mimant l’acte de défécation. Au bout d’un moment, et devant le peu de succès de ce début de scène (sans bruitage, dois-je le préciser ?) ils sont passés à autre chose. J’ai arrêté et fait rejouer la scène depuis le début, sauf que j’ai mis un autre improvisateur sur le côté, chargé de faire des bruits de pets. J’ai peut-être également demandé aux comédiens de ne pas parler de ce qu’ils faisaient, je ne sais plus, mais de toute façon ils pouvaient difficilement parler, tellement ils luttaient contre l’hilarité. C’était à pleurer de rire, mais après la scène tout le monde, spectateurs et moi-même compris, avait honte , et nous nous sommes dit que ce qui se passait en atelier devait restait en atelier.

Mais il est temps.

Il est temps de réhabiliter le prout, de laisser les conventions sociales et la honte au vestiaire.

Équipez votre régie son d’une banque de bruits de pets, ou utilisez une des nombreuses applications mobiles dédiées, et faites résonner ces trompettes anales aléatoirement pendant une scène. Ce ne sera pas aisé, mais nous pouvons y arriver

Allons enfants de la péterie, notre jour de gloire est arrivé.

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