La vasectomie, en pratique

Des mois sans publier d’article sur l’impro, pour finalement en écrire un sur mes couilles. Il fallait bien que ça arrive.

Pourquoi ?

Oui c’est vrai ça, pourquoi parler de vasectomie, surtout ici ? Eh bien parce qu’après en avoir parlé pas mal autour de moi, je me suis rendu compte à quel point le sujet était méconnu en France (l’opération n’y est légale que depuis 2001…), et ce serait pas mal que ça se démocratise un peu à mon avis. Et pourquoi sur ce blog ? Parce qu’il existe et que je peux y écrire des articles. Donc pourquoi pas.

Pourquoi ?

Ce qui nous amène à « pourquoi se faire une vasectomie ? ». Mais déjà de quoi d’agit-il ? C’est une méthode de stérilisation définitive masculine, où l’on coupe et bouche et les canaux déférents (qui transportent les spermatozoïdes). Déjà petite précision : j’ai bien dit définitif. Certes il existe une opération inverse, et je crois qu’il y a également des techniques plus facilement réversible qui commencent à se développer, mais là, aujourd’hui, en France, il faut partir du principe que c’est définitif.

Et donc la raison principale de faire pratiquer une vasectomie c’est de ne pas ou plus risquer de procréer. Les patients les plus courants sont des hommes ayant déjà des enfants, ce n’est pas mon cas mais j’ai plein de bonnes raisons de ne pas faire d’enfants quand même, mais ce n’est pas le sujet de cet article.

Alors oui, il existe des solutions de contraception masculines non définitives. Dans quelques années on aura peut-être des pilules viables (ou implants ou autre), sachant que vus les effets secondaires de ces solutions chez les femmes ça ne me fait pas spécialement rêver. Aujourd’hui, en France, à part les systèmes de slips chauffants, remonte-couille toulousains ou anneaux pénien, il n’y a vraiment rien d’accessible. Et si ça fonctionne à priori plutôt bien, ça reste très contraignant, puisqu’il faut en général les porter genre 16h par jour, tous les jours. Et puis sinon y’a les préservatifs, qui ont aussi un paquet d’autres avantages.

Du coup la vasectomie c’est bien, parce que j’aime pas trop les trucs contraignants. J’ai la flemme.

Toutes les étapes

1 – Rendez-vous chez un urologue

Vous allez voir un urologue, vous lui dites que c’est pour une vasectomie, il vous donnera les détails et vous pourrez prendre rendez-vous pour l’opération à partir de 4 mois plus tard (délai minimum légal). Il peut aussi refuser, puisqu’il n’est pas obligé légalement de le faire. Dans ce cas bah faudra en voir un autre… Mais je doute que ça arrive souvent.

Pour ma part j’ai pris un rendez-vous en visio, et ensuite quelques semaines plus tard je suis passé le voir pour qu’il tâte vite fait le terrain pour vérifier que tout était en bon état (il l’aurait normalement fait sur place au premier rdv, là il m’a pris gratuitement entre deux patients quand il avait de la dispo).

Vous aurez ensuite des examens à faire et des rdv à prendre.

2 – Examens médicaux

Quelques jours ou semaines avant l’opération il faudra faire quelques examens de sang (vérifier les MST, en gros) et d’urine (vérifier qu’il n’y a pas d’infection avant l’opération) ainsi qu’un spermogramme histoire de vérifier que vous n’êtes pas déjà stérile, ce qui serait ballot, sauf si vous aimez vous faire opérer pour rien (chacun ses kinks).

3 – Rdv chez l’anesthésiste

Mon urologue m’a recommandé fortement une anesthésie générale, pour le confort de tout le monde. C’est faisable aussi en local mais ça peut être un peu désagréable. J’ai dit ok. Du coup rendez-vous chez un anesthésiste qui a juste vérifié mon dossier et réprimandé pour mon absence de mutuelle (on y reviendra).

4 (optionnel) – Conservation du sperme

Je vais y revenir en fin d’article pour développer le sujet.

5 – Opération

Pour ma part petite journée tranquille dans une clinique, arrivée à 8h30, opération vers 11h, réveil à 13h, départ vers 17h. Et ensuite éviter de faire du vélo pendant 10 jours. Les séquelles sont vraiment minimales, ça tire un peu pendant quelques jours, mais je pense que c’est aussi très psychosomatique. Il y a deux points de suture de chaque côté qui se résorbent tout seuls.

J’ai refait du vélo au bout de 5 jours parce que j’ai oublié que je ne devais pas.

6 – Vérification

Dernière étape : faire un spermogramme 3 mois après l’opération pour vérifier que plus rien ne passe. Pourquoi 3 mois ? J’ai oublié de poser la question… Déjà au bout de 2 semaines il ne devrait plus rester grand monde de viable, donc je suppose que c’est vraiment histoire d’être très prudent. Ça paraît quand même très prudent, 3 mois.

Combien ça coûte ?

Ah, enfin des choses intéressantes !

Première chose : je suis passé par le privé. Mon urologue prenait 75€ par consultation, et facture l’opération 300€. L’anesthésiste a facturé 100€ (il m’a fait un prix parce que je n’avais pas de mutuelle). La clinique a pris 24€ en plus, et j’ai du payer un peu pour certains examens, ainsi que pour de la crème dépilatoire et un antiseptique. Allez disons 550€ au total. Sur tout ça la sécu rembourse environ 50€. Si vous avez une mutuelle ce sera sans encore plus remboursé (mais de toute façon moins que ce qu’elle vous coûte sur une année…).

Si vous faites ça dans un hôpital public ce sera quasi intégralement remboursé, si j’ai bien suivi.

Pourquoi passer par le privé alors ? Surtout dans mon cas où je serai plutôt en faveur d’un système de santé entièrement public… Eh bien d’une part parce que ça m’a permis d’avoir rapidement un rendez-vous. Donc la flemme est la première raison. Mais aussi parce que ça me paraissait assez logique qu’une opération purement pour raison de convenance ne soit pas trop à la charge des contribuables, d’autant plus en période de pandémie et de surcharge du système hospitalier.

Conservation du sperme

Ou pourquoi j’ai failli me faire des glaçons de sperme avant de finalement faire marche arrière.

La vasectomie n’est légale en France que depuis 2001 (alors qu’à cette même époque on pouvait se faire une vasectomie entre midi et deux chez son médecin au Québec). Par contre la conservation du sperme se fait depuis bien plus longtemps, et c’est le CECOS (Centre d’Etude et Conservation des Ovocytes et Spermatozoïdes) qui en a la charge.

Jusque-là le CECOS gérait la conservation du sperme pour raisons médicales. En particulier pour les patients avant une chimio, mais pas que. Quand la vasectomie a été légalisée elle est rentrée dans le « processus » du CECOS, processus qui commence par un entretien avec un psychologue, avant de passer aux prélèvements. Dans le cas d’une vasectomie l’entretien avec un psy paraît un peu superflu. À la limite avant l’opération pourquoi pas, mais avant de faire congéler son sperme ? Mais bon, c’est la procédure.

J’ai donc pris rendez-vous chez le psychologue du CECOS à Lyon, pour ensuite pouvoir prendre rendez-vous pour le prélèvement. Il m’a donné pas mal d’informations intéressantes, notamment le fait que la conservation par convenance n’est en fait légale que depuis cet été, et la loi bioéthique. Du coup depuis 20 ans ils ne le faisaient à priori que pour raison médicale (raison qui peut être « ma compagne ne supporte pas la pilule » ou autres trucs du genre). Aussi il faut faire plusieurs prélèvements pour avoir assez de spermatozoïdes, entre 1 et 7, moyenne à 3 d’après lui. Entre chaque prélèvement au moins une semaine d’attente (et abstinence de 5 jours avant à chaque fois). Et en plus ils sont surchargés en ce moment, merci le COVID, donc pas de rendez-vous avant quelques semaines/mois.

Et puis c’est important d’avoir en tête qu’il n’y a aucune garantie que ça fonctionne. La conservation devrait fonctionner, ça oui, mais ensuite si on veut s’en servir, il faut faire une FIV (Fécondation In Vitro), et là y’a pas de garantie. En moyenne il faut en faire 4. Ce qui est beaucoup, et c’est lourd. Et chaque FIV coûte de l’argent public. Il m’a dit 25000€ par FIV, chiffre que je n’ai retrouvé nulle part (j’ai plutôt trouvé genre 7000€), mais bon dans tous les cas ça coûte assez cher.

Les prélèvements sont gratuits au CECOS, par contre après c’est environ 50€ par an, à revalider chaque année.

J’ai quand même appelé pour prendre rendez-vous pour un premier prélèvement, et la date tombait après mon opération. Sachant qu’à la base je faisais ça surtout parce que ça coûtait pas grand chose, que c’était pas un gros effort et pourquoi pas avoir une solution de repli… bah j’ai annulé la conservation de sperme. Parce que même si dans quelques années je change d’avis et j’ai envie d’avoir des enfants (possible mais peu probable), que je suis avec quelqu’un ayant la possibilité de porter un enfant et de faire une FIV (donc déjà moins de 40 ans), bah y’a toujours d’autres solutions qui me semblent préférables, comme l’adoption. Ou je demanderai à un pote, je n’ai pas d’attachement particulier à mon patrimoine génétique.

Et puis la flemme, surtout.

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