Enfin une vraie bonne raison de ne pas faire de caucus

Enfin presque.

J’ai déjà écrit un article sur le caucus juste là. Et une fois n’est pas coutume, 3 ans plus tard je suis encore assez d’accord avec ce que j’écrivais. Mon point de vue : discuter avant d’entrer n’apporte pas grand chose, et prévoir des choses avant d’entrer est encore pire. Mais j’ai trouvé un autre argument contre, qui maintenant (depuis 2 heures environ) me paraît évidente, et que je vais vous présenter sous peu (je laisse un peu de suspens, histoire que vous soyez vraiment déçus lors de la révélation).

Mais d’abord, définissons nos termes. Je vais utiliser le terme « caucus », qui est un terme spécifiquement utilisé en match d’impro (et lors des primaires aux US), pour désigner tout échange verbal entre comédiens avant d’entrer sur scène. Voilà.

Et donc, pourquoi ne pas faire de caucus ? Eh bien parce qu’on fait de l’impro, tout simplement. Je ne dis pas que si on a échangé trois phrases avant d’entrer sur scène on ne fait plus de l’impro, par contre en faisant ça on enlève pour moi l’un des aspects fondamentaux de l’improvisation théâtrale : le lien avec le public.

Le fait même d’improviser crée un lien direct avec le public, qui découvre la scène en même temps que les comédiens. Le public est directement impliqué dans le processus créatif, même s’il n’est pas sollicité. On a une telle empathie pour les comédiens qu’on est prêt à pardonner toutes les imprécisions, à rire à des trucs pas si drôles, à s’émerveiller devant le simple fait que ça ait lieu devant nos yeux. Sans ça l’improvisation présente l’unique intérêt de pouvoir jouer des spectacles sans les écrire et répéter au préalable (ce qui est déjà pas mal, vu le temps que ça prend…), mais ce n’est alors que du théâtre mal écrit, mal joué et mal mis en scène.

Et dans le caucus, on se coupe du public. On sait soudain des choses que le public ne sait pas. On choisit de cacher notre réflexion, alors que l’essence de l’impro est d’exposer au grand jour le processus créatif.

« Mais alors, me direz-vous, faisons des caucus à voix haute ! ».

Ah oui, ça je serai pour. Pourquoi ne pas sonoriser les caucus lors des matchs ? Bon y’a le fait qu’il y ait deux caucus en même temps, donc c’est peut-être pas top, mais y’a sans doute des solutions à trouver… Et si vous voulez vraiment discuter à un moment dans le spectacle, pourquoi ne pas le faire audiblement ? Le public le voit de toute façon, pas la peine de se cacher !

D’ailleurs je me suis rendu compte en écrivant cet article que c’est ce que je fais lors de deux spectacles en duo qui fonctionnent suivant le même format : Why Not? et 100% Hugh & Olivier (je fais ma pub au passage). On demande un mot au public et ensuite on discute ouvertement de ce que ce mot nous inspire, pendant une petite minute, jusqu’à ce qu’on ait envie de lancer une scène, et ensuite on enchaîne pendant une heure.

Quel serait donc l’intérêt de cacher au public notre réflexion ?

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